30 de nov. 2008

INDÉPENDANCE : ALTERNANCE POUR UNE DÉMOCRATIE POLITIQUE ET SOCIALE

TRADUCCIÓ EN FRANCÉS
Realitzada per "Langileak-treballadors"

Rafa Diez (Ex Secrétaire Général de LAB)

L'indépendance est une revendication qui apporte une valeur au fonctionnement démocratique, à la solidarité et à l'universalisme. Un État basque ne signifie pas l'impulsion de tendances archaïques.

Euskal Herria est une nation niée mais en permanente dynamique pour sa construction. Appuyée sur des bases objectives qui lui donnent une identité propre (langue, culture, processus historique, lutte de résistance…), une forte opposition s’est développée contre l’assimilation forcée de l’hégémonie espagnole et française avec une volonté de se constituer politiquement en tant que nation. Cette consciente et revendication nationale a eu des formulations politiques différentes, en fonction de chaque contexte historique.

Aujourd'hui, dans un monde globalisé économiquement et en permanente recomposition selon la volonté de reconnaissance et de justice de plusieurs dizaine de peuples, pour Euskal Herria, la référence indépendantiste se situe comme une alternative à partir d’une reconnaissance nationale première et du respect de la volonté populaire comme fondements basiques pour que la société, depuis sa pluralité, détermine le modèle de relations avec les deux États et les organes supranationaux. Pour defendre cette position indépendantiste, je veux d’abord situer les principes qui donnent corps à ce projet.

a) L’indépendance : une alternative à articuler démocratiquement
L’indépendance est une alternative à réussir avec l’adhésion sociale majoritaire. Sa légitimation doit être exclusivement soutenue par l’aval social. Cette proposition qui passe par des “voies exclusivement politiques” nécessite de façon indispensable un cadre démocratique de confrontations d’idées et de projets politiques. L’espace démocratique doit se conformer à partir du respect, sans ingérence ni aucune hypothèque des États français et espagnol dans la volonté de la citoyenneté basque. Cette question est déterminante pour dépasser le violent conflit politique dont Euskal Herria continue de souffrir.
Le projet indépendantiste que nous défendons part donc de postulats démocratiques, autant dans la forme du sujet politique de l'Autodétermination, -les personnes qui travaillent et vivent en Euskal Herria- que dans le respect des pluralités internes et de ses respectifs Droits individuels et collectifs. C'est-à-dire, nous ne comprenons pas l'identité nationale basque comme quelque chose d’excluant et xénophobe, sinon comme intégratrice et multiculturelle au sein d’un projet commun de souveraineté politique pour Euskal Herria.

b) L'État Basque: L’indépendance dans un monde interdépendant
Nous concevons l’Indépendance comme la création d’un État basque qui participe -comme tout autre État-nation actuel- au projet commun européen. Les institutions basques souveraines partagerons ou elles feront cession de souveraineté à l’organisme supranacional européen, mais elles ne partageront pas ou elles ne feront pas cession de souveraineté aux États français et espagnol.

L'indépendance nous la situons comme partie d’un projet européen auquel nous voulons apporter une clé de démocratie réelle et de justice sociale. Ceci veut dire qu'Euskal Herria, depuis la reconnaissance de sa pleine souveraineté et de son pouvoir institutionnel, accède de plein pied d'égalité aux structures politiques supranationales, réunies dans une fédération ou confédération de nations et peuples d’Europe.

Par conséquent, nous ne voulons pas construire l'indépendance en impulsant des frontières économiques et sociales non-solidaires, nous la construisons contre personne mais nous voulons que l'État basque -depuis le respect de la volonté de ses citoyens- soit le propulseur d'un flux économique, social et culturel depuis la liberté et la coopération. Dans une économie globalisée et interdépendante, l'État Basque doit être une garantie dans la défense des intérêts de la majorité de la société.

c) L’État Basque, la démocracie et l’universalisme
L'indépendance est une revendication qui apporte une valeur au fonctionnement démocratique, à la solidarité et à l'universalisme. La constitution d'un État basque ne signifie pas, en soi, l'impulsion de tendances archaïques ni le refus des valeurs universelles d’ordre politique et culturel. Au contraire, depuis le développement de l'identité nationale et culturelle basque, notre apport à l'universel et vice versa est beaucoup plus efficace. Nous rejetons, donc, les discours qui, depuis les concepts de modernité et d’universalisme, se consacrent à dénigrer les droits et les apports socioculturels des réalités nationales ou indigènes opprimées.

Dans le même sens, la souveraineté des institutions basques approfondit la participation démocratique de la citoyenneté dans ses décisions politiques et économiques. Si le Droit d'Autodétermination est un fondement de la démocratie, son exercice permet aux collectivités nationales d'assumer des niveaux de participation et d’apportation dans leur développement démocratique.

d) L'indépendance, la cohésion sociale et la solidarité de classe
La revendication de l'indépendance et la volonté de construction nationale ne signifie pas du tout, depuis notre position de classe, la non-solidarité avec les exploités et opprimés d'autres nationalités et peuples du monde.

Le nationalisme émancipateur et l'internationalisme sont des concepts complémentaires. Construire la propre nation et être solidaire avec d'autres pays, et spécialement avec leurs travailleurs et classes populaires, fait partie de la théorie et de la praxis de la gauche abertzale.
Les critiques plantées traditionnellement par la gauche politique et syndicale espagnole –considérant que le nationalisme basque limiterait la prise de conscience de classe au niveau étatique, que les espaces économiques amples seraient plus idoines pour la construction du socialisme ou que les prétentions de construire une petite nation devant l'existence de l'UE serait un anachronisme- sont non seulement fausse mais en plus, elles ont alimentées les positions néofranquistes.

Le mépris ou rejet du poids qu’à l'univers national basque (symbolique, mythique, culturel, linguistique, politique...) dans la conformation de la conscience de classe est, selon moi, réactionnaire et contre-productif, la réalité l'a ainsi démontré : le domaine étatique n'a pas favorisé une unité plus grande de conscience et d'organisation de la classe ouvrière.

e) L'État Basque et le changement social
Depuis l'acceptation de la nécessité d'interrelation économique avec les autres nations et peuples d'Europe, l'indépendance d'Euskal Herria, hors de toute vocation autarcique et isolationniste, avec l'utilisation de ressorts économiques et productifs propres, constituera un actif positif pour organiser une gestion démocratique et avancer dans un modèle social alternatif.

Face aux tendances de concentration économique et les impulsions de dynamiques dérégulatrices dans les relations économiques et sociales, la revendication indépendantiste est un capital pour la cohésion et solidarité sociale.

L'ultraliberalisme prétend démanteler l'État, à partir du faux argument qu’il freinerait le développement économique et la compétitivité. Cette prétention cache la voracité du capital d’obtenir de nouveaux espaces économiques pour ses intérêts, des espaces libres et déréglés depuis lesquels diriger son expansion et son incidence économique-politique.
Comme nous le voyons, de façon irréfutable, le marché laissé à sa libre inertie crée de grandes desinégalités, en étant une source d'exploitation et de pauvreté. Le rôle de l'État est essentiel pour corriger les effets pervers du marché capitaliste.
Dans une Euskal Herria sans matières premières et de maigres ressources énergétiques, le secteur public doit se situer comme le tracteur de l'économie, initiateur d'une diversification industrielle développant des capacités propres avec l'impulsion de la formation et de l’innovation et, plus spécialement, la garantie de couverture et protections sociales basiques qui permettront d'approfondir une authentique démocratie social et d’avancer vers le socialisme.

En définitive, la référence indépendantiste, unie à l'exigence d'une authentique démocratie sociale, a une grande projection et virtualité comme alternative pour articuler un espace majoritaire, depuis la société basque.
Devant des "basquisants" conditionnés par l'hégémonie espagnole et française, idéologiquement situés comme des maquilleurs du modèle économique en vigueur, devant des abertzalistes convertis en agents du cipayisme politique et économique néolibéral, la construction indépendantiste et socialiste, avec ses différentes étapes tactiques, doit marquer la référence pour les générations dans ce XXIe siècle. Il est l'heure des peuples et de la société devant le néolibéralisme et l’impérialisme dans toutes ses formes et caractéristiques.